
« Leur destination d’accueil préférée serait le Canada. »
Dans un article du Washington Post, Saif ul Malook, l’avocat d’Asia Bibi, nous fait parvenir de nouvelles informations concernant sa cliente. Asia a passé les fêtes de Noël dans une maison sécurisée à Islamabad. Imran Khan, Premier Ministre du Pakistan, s’est engagé à assurer sa sécurité, ainsi que celle de son mari et de ses filles, jusqu’à ce qu’un pays leur accorde asile.
« Leur destination d’accueil préférée serait le Canada. »
Il raconte alors les instants qui ont suivi la décision d’acquittement d’Asia. Saif a été escorté par la police à la sortie du tribunal, puis a été caché par des amis dans la sphère diplomatique pendant 3 jours avant de partir pour les Pays-Bas.
« J’ai insisté, je ne voulais pas partir sans Asia, mais mes amis ont juré de prendre soin d’elle. À ce moment-là, c’était pour ma vie qu’ils craignaient. »
L’avocat explique alors qu’il a vu Asia pour la dernière fois le 10 octobre, à la prison de Multan, où elle avait été incarcérée les 5 dernières années. Il nous rassure sur ses conditions de détention.
« Contrairement aux informations faisant état de son traitement épouvantable en prison, Asia semblait avoir retrouvé une vie tranquille avec ses gardes, qui lui permettait d’avoir une télévision et plus de temps en dehors de sa cellule que ce qui était habituellement accordé aux condamnés à mort. Le traitement relativement bénin a pu résulter de la pression exercée par les gouvernements occidentaux, mais je pense que c’était parce que les gardes reconnaissaient le courage et l’esprit humain d’Asia. »
Saif ul Malook présente une Asia simple, qui n’est jamais allée à l’école, mais qui a une foi forte. Elle ne s’est jamais éloignée de son village. Le fait de devoir changer de pays est un « défi » pour elle.
« Asia s’est rarement aventurée loin de son village avant d’être emprisonnée, commencer une nouvelle vie dans un autre pays sera un défi pour elle. Mais elle a fait preuve d’une force remarquable tout au long de cette épreuve et je suis convaincue qu’elle y parviendra. »
Il a décidé de la défendre en 2014 parce qu’il ne pouvait pas se résigner à voir une personne faussement condamnée, encore moins pendue pour cette accusation, et se dit prêt à défendre d’autres victimes de ces lois sur le blasphème.
« Je pense que je vais devoir rester en dehors du Pakistan pour les deux prochaines années avant de pouvoir y retourner en toute sécurité. Pendant ce temps, je vais vivre avec des amis aux Pays-bas ou avec ma fille en Angleterre. Mais je souhaite rentrer chez moi pour continuer à défendre les victimes des lois sur le blasphème. »
M.C.